J'Irai marcher
sur les Toits

Madame B.

Il y a eu – et on a vu – « Bovary » de Tiago Rodrigues au Moulin du Roc Scène Nationale à Niort.
Nombre de lecteurs et d’adhérents de J’Irai marcher sur les Toits ont assisté à ce spectacle car c’est une démarche de la compagnie d’interagir avec des programmations du territoire. Quatorze d’entre eux se sont ensuite engagés sur ce qui est devenu « Madame B. » (« Madame B. » dans la NR, photo Johann Chevrier) d’abord en juillet chez ’habitant à La Crèche, ensuite en décembre au Centre Culturel Alain Audis de Pamproux, ville avec laquelle J’Irai marcher sur les Toits est en convention.
Quant à « Madame B. », réalisation de la compagnie, c’est Emma Bovary considérant sa vie. A l’issue d’une première épreuve de forte intensité, elle refait mentalement le parcours de son existence. Jusqu’au moment où elle relance le cours de sa vie par une nouvelle aventure. Une reprise en forme de quitte ou double.
Compte rendu en images par Johann Chevrier et Yvelise Ballu.

De Madame Bovary à Madame B.

Flaubert avait donné un sous-titre à son roman et c’était Moeurs de province. L’action de Madame Bovary se passe sous la Monarchie de Juillet (entre les révolutions de 1830 et de 1848) pendant le règne de Louis Philippe, mais il n’est qu’accessoirement rendu compte de cette période troublée. On peut donc lire cette intrigue amoureuse comme une étude critique d’une société bourgeoise provinciale décadente, au sein de laquelle le romantisme ne sauve rien. On peut même voir le romantisme de l’héroïne, Emma, comme l’expression de son désespoir pour peu que l’on en retienne la définition donnée par le danois Søren Kierkegaard – un contemporain de Flaubert – dans son « Traité du désespoir ». Alors on touche à l’existentialisme. Enfin on peut nommer, détailler, le désespoir d’Emma dont la beauté pâle et maladive fascine les hommes, l’extraire de l’idée vague et presque paysagère de mélancolie, et s’attacher aux comportements de cette femme. Mais on ne saurait les dégager spontanément du propos romanesque, où tout contribue tant objectivement que subjectivement à l’état de malaise qu’elle éprouve.C’est donc par la forme dialoguée et actée du théâtre que le parcours des personnages opère directement sous nos yeux. Et l’on voit mieux quels actes Emma Bovary a elle-même posés dans la vie qu’elle subit.
Guy Lavigerie

Gustave Flaubert

Il naît à Rouen en 1821 dans une famille bourgeoise (père médecin) peu attentive à sa personnalité et à ses aspirations. Il décède à Croisset en 1880. Renvoyé du lycée de Rouen, il passe cependant son bac et fait des études de droit qu’il interrompt pour, finalement, écrire.
En 1856, après cinq années de travail, Madame Bovary paraît en six publications successives dans la Revue de Paris. Flaubert attache une importance particulière au style; un style réaliste mais jugé « vulgaire et choquant » par le représentant de l’institution judiciaire qui lui fait un procès pour atteinte aux bonnes moeurs et à la religion.
C’est encore la « compétence » judiciaire en matière littéraire qui permet, l’année suivante, de condamner Baudelaire pour Les fleurs du mal. Madame Bovary est reconnu, dès lors sans démenti, comme une oeuvre majeure de la littérature française et internationale.

« Manquer de possible signifie que tout nous est devenu nécessité ou banalité ».

Søren Kierkegard (Le traité du désespoir – 1849)

Madame B. (Emma au double de sa vie)

de Guy Lavigerie
d’après Gustave Flaubert

Pour quatorze interprètes

Christiane Boyer, Sylvie Chauvin, Maryse Cordellier, Malika Héraud, Marie Durand, Hervé Fichet, Valérie Granget,  Isabelle Grosse, Christian Héraud, Pamela Nourrigeon, Gilles Pasquet, Françoise Savry, Pierre Souchard, Line Thomas.

Scénographie : Christiane Clairon-Lenfant
assistée de Guy Berthellemy
Lumières et son : Dany Faucher
Texte et mise en scène : Guy Lavigerie