J'Irai marcher
sur les Toits

Julien Daude à la contrebasse dans Disgrâce

Agir Pro

Faut-il plaider cette cause, d’agir à la fois professionnellement et pour une intention plus large ?
C’est tout le sens de notre agir pro.

Avec et pour.

Agir pro, puisque notre objectif est d’accompagner ou de réaliser des événements artistiques de qualité favorisant la formation et l’émancipation.

Agir pro, car travailler avec des non professionnels, des amateurs ou des novices est un axe obligé de l’approfondissement culturel du travail des artistes engagés dans une société citoyenne.

Agir pro en plaçant le texte littéraire, romanesque, théâtral, philosophique au cœur du projet collectif. Toute personne peut entrer dans le processus artistique conduit par des professionnels connus pour leur sérieux et la pertinence de leur travail, à condition d’avoir la sensibilité de s’accorder avec l’idée même de recherche artistique… De là la nécessité d’être au clair avec soi-même.

Agir pro, en excluant les postures surplombantes et « sachantes ».
Agir pro, pour éviter de placer les lecteurs et les acteurs dans un rôle de reproduction, tenir compte de leur personnalité, de leur présence leur voix leurs savoirs, des résonances en eux du monde et de l’intime.

« Un ouvrier, un paysan, ou un artisan… va s’émanciper intellectuellement s’il pense à ce qu’il est et pas à ce qu’il fait dans l’ordre social. ». (Jacques Rancière)

Conditions de l’agir pro :
  • une heureuse exigence dans la conduction du travail
  • pour un résultat rigoureusement mis en forme
  • soit une forme parfaitement structurée qui accueille professionnels et amateurs

Agir pro, une autre manière de faire oeuvre théâtrale.

Avec et pour.

« La poésie est une torsion
de peu de chose
C’est un travail de lavandière,
le bras vif et l’œil complice »
(Guy Lavigerie, revue Friches n°31, été 1990)

Une torsion de peu de chose. C’est toujours vrai, ça devrait l’être encore. On ne parle pas ici du poème mais d’une présence au monde, que chacun devrait pouvoir partager intimement à un moment ou à un autre, dans un « village » ou dans un autre où se regardent les visages.

C’est tout l’effort artistique de convoquer une telle présence, c’est hors société du spectacle. C’est hors esprit de consommation, ce mode de représentation. C’est une torsion de peu de chose. Par exemple une torsion des catégories.

Trop de chefs, pas assez d’indiens ? C’est qu’il est plus rare, plus difficile de faire l’indien.

S’avancer sur une scène est-ce possible sans faire « l’Acteur », d’y venir avec soi et avec les autres, sans masque inutile autour d’un même objet ? On ne peut convoquer certains phénomènes qu’en faisant abstraction des codes.

Là où on sait, oublier qu’on sait.
Là où on ne sait pas, se mettre à l’écoute.

L’acteur qui sait devient intéressant lorsqu’il a oublié qu’il était venu jouer au théâtre pour de mauvaises raisons. Celui qui ne sait pas n’est pas obligé de se croire un acteur pour s’autoriser à agir pourvu qu’il soit réceptif, se sachant sereinement ignorant. Il y a quelqu’un d’expérience autour du lavoir, pour guider son geste.

Dès lors cela se voit.