J'Irai marcher
sur les Toits

Disgrâce

Du roman à la scène

Après une première présentation réussie en mai 2017 à la Médiathèque Aqua-Libris en présence d’un public on ne pouvait plus nombreux, l’épreuve scénique de Disgrâce s’est faite le mois suivant au Centre Culturel Alain Audis de Pamproux, après quelques répétitions.
« Objet curieux » au regard des genres établis, objet hybride et néanmoins cohérent qui, de littéraire tend vers le théâtre, ce travail aura impliqué ses lectrices et ses lecteurs aussi bien dans la dramaturgie que dans des parcours d’acteurs aux prises avec les enjeux de l’expression personnelle sensible. C’est l’ambition de J’Irai marcher sur les Toits de révéler aux participants à ses travaux le processus même de son savoir-faire, pour nourrir la compréhension et l’exigence artistiques du public.
Disgrâce est un roman. L’auteur, John Maxwell Coetzee qui se dit « post-dostoïevskien » y questionne les limites d’un humanisme contemporain reposant sur la bonne conscience plutôt que sur une éthique éprouvée du réel.
Nous en avons fait une représentation de 2h15’, avec musique. Le groupe compte 17 lecteurs et lectrices (18 en mai).
Les spectateurs habitués ont appris à suivre nos récits à travers ce que le critique théâtral Jean-Pierre Thibaudat qualifierait de rôles tendanciels*. Soit, pour un même personnage, plusieurs lecteurs, chacun ayant en charge un aspect de ce personnage. Ainsi l’action ne réside pas dans les agissements fictionnels des lecteurs mais dans ce qu’ils racontent ensemble. Il en résulte une émotion non psychologique puisqu’elle n’est pas produite par des affects liés à une illusion virtuose mais par un questionnement intime de la condition humaine mené collectivement.

* MEDIAPART : Isabelle Lafon : quel est le vrai visage de Nina ?

L’auteur John Maxwell Coetzee

Romancier Sud-Africain de langue anglaise. Il nait en 1940 au Cap dans une famille boer calviniste (colons afrikaners) et grandit dans l’Afrique du Sud de l’apartheid. Il étudie et enseigne à l’étranger (USA et Angleterre) et est naturalisé Australien. Il est lauréat de nombreux prix littéraires dont le Prix Nobel de littérature en 2003.
A travers l’ensemble de son oeuvre, d’une écriture âpre et souvent décontextualisée, il expose la violence et l’ambiguïté d’un système politique corrompu.

Disgrâce, roman paru en 1999, traite de la société post-apartheid en Afrique du Sud (Nelson Mandela est élu en 1994).

« Tout homme qui naît avec une peau blanche naît au sein d’une caste. Pas plus qu’il n’y a moyen d’échapper à la peau dans laquelle vous êtes né (le léopard peut-il changer ses taches?) vous ne pouvez démissionner de votre caste (…) à moins de plier bagages et de partir ailleurs (…)

La littérature sud-africaine est une littérature esclave (…) incomplètement humaine, incapable de dépasser les
relations élémentaires de la contestation, de la domination (…) pour envisager le vaste et complexe monde humain qui existe au delà. C’est exactement le genre de littérature que vous attendriez d’individus enfermés dans une prison. »

J. M. Coetzee, in Discours de réception du Prix Jérusalem donné pour « La liberté de l’individu dans la société » (1987)

Par ordre d’entrée en scène

Jocelyne Cathelineau, Estelle Drillaud Gauvin, Gilles Pasquet, Emilie Court, Hervé Fichet, Didier Rochefort, Hélène Menet, Johanna Albert, Guy Berthellémy, Yvelise Ballu, Céline Giroux-Mouillet, Marie-Rose Partaud, Sandrine Morisson, Carine Giret, Marie Biraud, Christian Héraud, Marie-Christine Juin

Musique (contrebasse) : Julien Daude
Mise en scène : Guy Lavigerie
Scénographie : Christiane Clairon-Lenfant, assistée de Guy Berthellémy
Régies lumière et son : Dany Faucher et Mickaël Pignon