J'Irai marcher
sur les Toits

« Ecrit pour France-Culture et diffusé sur les ondes en 2000, ce texte tisse plusieurs témoignages d’un théâtre de guerre contemporaine décontextualisé, dont les images et les sensations concrètes semblent exacerbées, comme en poésie, par une puissante incantation. » Guy Lavigerie

Extrait

Il y a trois locuteurs, A, B et C:   « B –  aucun salut aucun miracle maintenant que terrés dans une cage sombre d’escalier dans une cave à trente ou quarante on attend quoi maintenant que serrés dans une cave en béton l’un contre l’autre la mère ou la tante aux yeux baissés tenant fort le petit frère entre ses jambes & tenant la sœur l’aînée le visage entre ses jambes suivant des yeux peut-être suivant une colonne de fourmis sur le ciment écoutant n’écoutant pas la sirène restant là sans bouger le temps très long que met quelque part une chasse d’eau à se remplir quelque part dans une cave à quarante ou cinquante sans bouger sans parler sans bruit sinon celui des corps vivants là tassés là tous l’un contre l’autre » (2001, Théâtre Ouvert Editions / Enjeux )

L’auteur Joris Lacoste

Joris Lacoste est né en 1973.
Lauréat du programme Villa Médicis hors les murs en 2002, il est auteur associé au Théâtre National de la Colline en 2006-2007. Il est nommé co-directeur des Laboratoires d’Aubervilliers en Seine-Saint-Denis de 2007 à 2009 au sein d’une équipe artistique implantée dans une friche industrielle pour y mener un travail de recherche et d’action culturelle de proximité.
Auteur, metteur en scène de ses propres textes, « performer », il fait de sa pratique artistique une recherche sur la forme qui prend sa source dans le réel. Cette recherche s’accompagne d’un travail de théorisation autour de ce qui fait l’écriture du spectacle.
Il emprunte aux différents arts du spectacle, à l’art de la parole, au langage ordinaire, à la pratique du discours, voire de l’hypnose.
L’univers des arts visuels lui est aussi familier.

« On pourrait dire de lui qu’il revient à la base au B.A.Ba, à l’ABC du théâtre, qu’il traque ce qui est à l’origine même de toute prise de parole, pas la phrase, même pas le mot, mais la syllabe, on pourrait dire de lui qu’il désosse l’acteur jusqu’à en faire vibrer le nerf premier ». (Entretien de Joëlle Gayot avec Joris Lacoste à propos de Encyclopédie de la parole chantier programmé au Festival d’Automne à Paris 2015)