J'Irai marcher
sur les Toits
Écritures et lectures plurielles
Une écriture en produit d’autres
Notre ambition d’ouvrir aux écritures et aux lectures plurielles relève de la nécessité d’agir en contemporanéité des formes de création à partir de textes de toutes origines pourvu qu’ils produisent pensée et complexité sensibles dans la compréhension du monde.
Au sein d’un groupe constitué sur la seule base d’un texte à transformer à terme en un récit public, on procède à une première lecture de type aléatoire, « à livre ouvert ». Les voix s’expriment dès ce stade, révèlent des présences, restituent un propos et une langue, font « retour ». Elles autorisent que s’ouvre un débat de compréhension, un travail de dramaturgie qu’il sera toujours temps de nommer plus tard, quand d’autres références littéraires viendront éclairer ce débat et entreront dans la « bibliothèque du projet ».
Nous sommes tenus, par la définition nécessairement « oecuménique » du groupe, d’adopter un point de vue généraliste où toutes les disciplines se croisent au lieu de s’entrechoquer en spécialités, et sont en mesure de nourrir un projet artistique fondé sur une recherche sensible autant qu’intelligente où l’homme lui-même (la femme) est contenu dans l’art. Il appartient à chacun de s’y glisser.
Passé le temps de la dramaturgie (jamais cependant suspendu), venu celui de la constitution de rôles distribués et de la pratique du plateau, le théâtre-récit prend forme de représentation scénique et touche à une autre écriture, celle de l’espace et des signes de la théâtralité. A ce stade, l’espace, par ce qu’il impose, chez l’habitant ou dans un lieu dédié (théâtral, patrimonial, muséal…) devient premier et signifiant. Cette primauté de l’espace dans l’écriture du spectacle se confirme à chaque nouvelle opportunité de réprésentation dans un lieu différent, avec parfois de nouveaux interprètes.
Sur le plan des acquisitions techniques d’interprétation, l’écriture de J’Irai marcher sur les Toits distingue le stade de l’expression de la lecture à haute voix de celui de l’apprentissage formel. Dans les lectures participatives, l’ambition n’est pas d’obtenir des lecteurs et lectrices la plus parfaite autonomie d’expression mais de leur permettre de se centrer en eux et elles, en regard d’un texte, et au sein d’un groupe, avec ouverture au jeu. Le travail de la mise en scène et de la scénographie font le reste. Le stade de l’apprentissage vient après, par un approfondissement voulu et engagé dans un travail appelant une discipline d’acteur.
Notre théâtre n’est pas « sorcier ». Il s’élabore à partir d’un texte qui en produit d’autres, traçant pour les sens une nouvelle chose, toute chargée de compréhension mouvante grâce à la dynamique démiurgique de la mise en scène et du jeu.